Cette spécialité vise à fonder une démarche scientifique collective, décloisonnant les savoirs, pour répondre aux questions complexes posées par la dynamique des organisations :
- refus des cloisonnements disciplinaires traditionnels en Sciences de Gestion et Sciences Sociales : c’est l’étude de « l’objet organisation » et de ses dynamiques de changement qui fonde la démarche de la spécialité, sans que l’on privilégie particulièrement une approche spécialisée en Stratégie, en Gestion des Ressources Humaines, en Contrôle de Gestion, en Finance, en Economie ou en Sociologie, la spécialisation disciplinaire étant jugée impropre à rendre compte de l’objet retenu (les dynamiques organisationnelles),
- le décloisonnement entre disciplines est facilité par la collaboration entre équipes de recherche issues de l’Université, de Grandes Ecoles de Gestion et de Grandes Ecoles d’Ingénieurs, riches d’expériences complémentaires tout en échangeant depuis plusieurs années à travers les séminaires de recherche inscrits dans le champ des dynamiques organisationnelles.
Dès leur origine, les Sciences de Gestion se sont développées dans le cadre d’hypothèses structurantes :
- l’hypothèse souvent dominante de rationalité économique des acteurs, permettant de traduire une proportion élevée de problèmes de gestion en termes d’allocation optimale, même si des courants « hétérodoxes » se sont développés dès les années 50 et ont obtenu une vraie reconnaissance scientifique, par exemple à travers le Prix Nobel d’Economie attribué à Herbert Simon ;
- l’hypothèse de rationalité cognitive, selon laquelle la gestion s’intéresse essentiellement à une catégorie spécifique d’acteurs, les « managers », qui a accès à l’information nécessaire pour fonder ses décisions sur une modélisation fidèle et prédictive du fonctionnement économique de l’organisation ;
- la possibilité de séparer sans ambiguïté l’intérieur et l’extérieur de l’organisation et de construire des corpus de connaissance distincts pour rendre compte de l’entreprise dans son environnement (ex. théories stratégiques fondées sur l’environnement concurrentiel, théories micro-économiques) et des rouages internes de l’entreprise (ex. approches classiques du contrôle de gestion, orientées vers la gestion des coûts).
Or les années récentes ont été marquées par des évolutions de fond dans les différentes disciplines de gestion, telles que, par exemple :
- la tendance marquée de la Stratégie à s’intéresser à l’intérieur de la « boîte noire » entreprise, avec les courants de recherche orientés vers la théorie des Ressources,
- la nécessité de coupler de manière de plus en plus directe les démarches de gestion internes à l’organisation (par exemple, la comptabilité analytique), avec des considérations portant sur l’environnement externe de l’organisation, notamment en termes d’institutions et de marchés,
- l’émergence du thème de la création de valeur, avec les ambiguïtés liées à ce concept (valeur pour le client ? pour l’actionnaire ? pour les autres « parties prenantes » ?),
- l’intérêt croissant, partagé par toutes les disciplines, pour les processus d’apprentissage collectif et de production de connaissances,
- les nombreuses démarches pratiques et théoriques portant sur des formes de gestion « transversales », telles que gestion de projets, gestion de processus, réseaux inter-entreprises, rendant de plus en plus floue la séparation organisation/marché,
- la « redécouverte » de l’autonomie des acteurs, rendant périmées les formes de coordination et de contrôle les plus mécanistes.
|